Cartographie des violences contre les femmes

Cette cartographie a été réalisée en relation avec le projet de directive européenne sur les violences,  un outil permettant une approche exhaustive des violences contre les femmes. Elle est appelée à évoluer pour la rendre plus exhaustive, et plus intelligible.

Faute de ratification de la convention d’Istanbul par l’Union Européenne, le projet de directive précité vise à harmoniser les situations entre les pays européens.  Mais, en l’état, ce projet, en retrait par rapport à la convention d’Istanbul,  figerait une vision des violences contre les femmes, pauvre, limitée, partielle, qui fait abstraction des causes et confond parfois la violence en elle-même et la façon dont elle s’exerce. On y trouve par exemple une liste fourre-tout des violences : La directive « couvre les infractions telles que les violences sexuelles, y compris le viol, les mutilations génitales féminines, les mariages forcés, les stérilisations ou avortements forcés, la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, la traque furtive, le harcèlement sexuel, le féminicide, les discours de haine et les crimes à caractère sexuel, et diverses formes de violence en ligne («cyberviolence»), y compris la manipulation ou le partage non consentis de matériels intimes, la traque furtive en ligne et le cyberharcèlement ».

Nous proposons une grille plus structurée et qui part des causalités des violences et en décrit les effets.

Violences en raison du sexisme et de la misogynie/ misogynes (infligées à une femme parce qu’elle est une femme)

  • Discours de haine
  • Harcèlement
  • Violence psychologique
  • Violence gynécologie – obstétrique (hyper hormonation, induction de l’accouchement et césariennes injustifiés)
  • Violence économique ( économique et patrimoniale)
  • Violence physique (coups et blessures,Féminicide, acide)
  • Violence sexuelle
  • Viol (individuel, correctif, arme de guerre)
  • Mutilations féminine (excision, mastectomie, vulvoplastie)
  • Remplacement de la catégorie sexe (anatomie) par le concept de genre (stéréotypes) ou encore d’identité de genre (construction sociale) , stratégie masculiniste pour effacer les femmes, et par là, éliminer  toute compréhension des mécanismes de domination patriarcale).

La violence misogyne peut utiliser différents moyens et modalités :

Vecteurs : RSS (cas du cyberharcèlement, revenge porn, images volées, upskrirting), expression écrite (édition, presse, messages), orale

Modalités : Exercice directe ou vicariant (par personne interposée ex : séquestration, meurtre des enfants)

Intensité : Menace ou réalisation de tels actes.

Espaces : Espace public, travail, espace domestique, religion.

Violences à l’encontre des femmes à des fins d’exploitation sexuelle

  •  Proxénétisme
  • Prostitution
  • Pornographie (prostitution filmée ou représentée)
  • Mariage forcé (NB, peut relever aussi de l’exploitation reproductive,  Maintien dans cette catégorie, car système d’exploitation par le biais des familles ou par le mari)

Violences à l’encontre des femmes à des fins d’exploitation reproductive

  • Interdiction de l’avortement
  • Avortement forcé
  • Stérilisation forcée
  • Réduction embryonnaire forcée
  • Grossesse forcée
  • Gestation pour autrui
  • Extraction d’ovocytes pour autrui contre rémunération

 

Modalités: directe, par le biais de tiers (traite) ;

Espaces : domestique, national,  transfrontière,

Catégorie sociale (Aggravation) : classe sociale (domination économique et culturelle), couleur de peau, groupe ethnique.

Conséquences

  1. Les types de violence à des fins sexuelles et reproductives se caractérisent par le fait que les situations sont organisées au profit d’autrui et ne relèvent jamais d’un projet personnel des femmes concernées. Ainsi pour les femmes en situation de prostitution, les actes sexuels ne sont jamais exercés pour satisfaire leur propre désir et en matière de GPA, leur grossesse n’entre jamais dans le cadre de leur projet parental personnel ;
  2. Les violences intra-familiales ou conjugales sont une catégorie de violence misogyne et non un thème à part entière. Cette directive devrait concerner exclusivement les violences contre les femmes dans un cadre intrafamilial.  Les violence intra-familiale contre des enfants ou contre des conjoints ne relève pas de la même problématique ;
  3. La notion de vulnérabilité est un facteur de facilitations de l’exploitation sexuelle et reproductive. Ainsi par exemple pour la GPA « les ressources du corps humain sont davantage disponibles et plus abordables dans les pays à faible revenu, où les populations « pauvres et vulnérables » sont à la fois disponibles en grand nombre et perçues comme étant plus disposées que les citoyens des pays plus riches à mettre en péril leur santé personnelle pour une récompense financière minimale» ;
  4. Les lesbiennes, subissent des violences lesbophobes, qui sont prises en compte dans la liste des violences mais pour lesquelles, en matière pénale, l’orientation sexuelle constitue une situation aggravante pour la personne incriminée. Il n’y a donc pas lieu de mentionner la catégorie LGBTQIA dans cette directive ;
  5. Cette grille rend inadéquate et non pertinente la notion inadmissible de «travail du sexe », une notion qui porte atteinte à la dignité humaine ;
  6. Si certaines catégories de violences sont éludées dans cette directive, on pourra considérer qu’elles sont soutenues et encouragées par l’UE, c’est pourquoi elles devront être expressément exclues de cette directive.

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