L’Assemblée des Femmes
Geneviève COURAUD[1]
La présence de L’Assemblée des Femmes ici, aujourd’hui, au Sénat, dans l’organisation de ce colloque, n’est pas un hasard. Il s’agit de la volonté politique de notre association d’affirmer sa détermination et son engagement auprès des autres associations réunies dans la coalition internationale dont nous parlerons tout à l’heure, pour l’abolition universelle de la maternité de substitution.
Nous étions en effet déjà présentes à l’Assemblée Nationale, le 2 février 2016, lors du colloque organisé par les mêmes associations militantes, sous l’égide de Laurence DUMONT.
L’Assemblée des Femmes, association féministe, laïque et universaliste, fondée en 1992 par Françoise DURAND, conseillère de Paris et Yvette ROUDY, ancienne ministre des droits des femmes, présidée de 2011 à 2016 par Danielle BOUSQUET, aujourd’hui présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, à laquelle j’ai eu l’honneur de succéder, s’est en effet investie depuis le début dans les débats de bioéthique, autour de la procréation médicalement assistée. Elle s’est depuis le début engagée pour la PMA et contre la GPA, c’est-à-dire contre la location de ventres que nous considérons comme une des plus graves atteintes qui soit contre les droits des femmes et des enfants et leur dignité.
Nous avons à plusieurs reprises consacré des séquences de nos universités annuelles à ce sujet, et en 2016, deux jours pleins ont été consacrés aux différentes formes de marchandisation du corps des femmes dont la GPA. Vous pouvez en retrouver le contenu dans les Actes édités à cette occasion[2].
L’Assemblée des Femmes combat toutes les formes de la domination masculine, partout où elles se trouvent, et notre expertise s’intéresse à tous les sujets qui touchent aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes. Or la GPA s’inscrit dans ce combat, en ce qu’elle est une forme d’exploitation du corps des femmes et de leur capacité reproductive par et pour des hommes – très souvent – comme nous le verrons aujourd’hui au travers des différentes interventions. Où est l’égalité dans ces contrats qui lient la mère porteuse et le.la commanditaire ?
Notre objectif associatif est de peser en faveur d’une vision féministe de la société sur son évolution culturelle, et en particulier sur les décideurs que sont les femmes et les hommes politiques.
Dans cet engagement, nous n’oublions pas le sort de nos sœurs et amies féministes à l’étranger, qu’il s’agisse des femmes africaines, des femmes du Maghreb ou du proche orient, afghanes, égyptiennes, syriennes. Leur pensée est toujours présente dans nos combats.
Deux mots à propos de la Maternité de substitution, ou grossesse pour autrui, ou encore location de ventre.
Oui, ce combat que nous devons conduire est un combat politique.
L’Assemblée des Femmes rejette complètement et définitivement cette technique pour deux raisons très simples.
1èrement, le processus de procréation – la grossesse et l’accouchement – n’est jamais pour les femmes, une petite affaire sans risques, ni conséquences physiques et/ou psychologiques, contrairement à ce que voudraient nous faire croire certain.e.s. Les femmes de ma génération se souviennent des mamans qui mouraient en accouchant. Et faut-il rappeler le taux de mortalité maternelle dans le monde ? 830 femmes environ meurent chaque jour de causes évitables liées à la grossesse et à l’accouchement (chiffres 2017).
2èmement, ce processus, comme nous ne le voyons que trop, s’appuie sur l’exploitation des plus pauvres par et au profit des plus riches. Sans aller à l’étranger, il peut s’installer tranquillement dans nos quartiers défavorisés. Ancienne élue des quartiers Nord de Marseille où j’ai effectué 32 ans de carrière professionnelle, présidente d’un observatoire des Droits des Femmes du Conseil Général des Bouches-du-Rhône de 2005 à 2017, j’ai vu ce que la grande pauvreté et même la précarité, pouvaient amener les femmes à accepter, lorsqu’il fallait nourrir et élever leurs enfants, les pièges dans lesquels elles peuvent se retrouver.
Voulons-nous qu’elles soient par la GPA sous contrôle de réseaux mafieux (qui abandonnent aujourd’hui le cannabis pour la cocaïne et la prostitution), avant d’être sous celui d’entreprises multinationales ?
Voilà pourquoi ce combat est un combat politique !
Je veux dire enfin que nous sommes fières de participer au lancement de ce réseau courageux aux côtés des amies des autres associations. Merci, grand merci au CoRP, à CQFD- Lesbiennes Féministes et à la CADAC pour l’énorme travail et l’énergie fournis.
Mon dernier mot sera pour Maya SURDUTS qui était parmi nous ce 2 février 2016[3], qui nous manque à toutes, et à laquelle je pense très fort aujourd’hui. Merci Maya !
[1] Présidente de L’Assemblée des Femmes
[2]Actes offerts gratuitement aux personnes présentes à l’occasion du présent colloque.
[3] Assises pour l’abolition universelle de la maternité de substitution (GPA) Assemblée nationale, accueillie par Laurence Dumont députée socialiste du Calvados.