CQFD Lesbiennes Féministes
Catherine MORIN LE SEC’H [1]
L’association CQFD Lesbiennes Féministes, s’est créée il y a plus de 20 ans pour porter des actions de visibilité lesbienne.
Visibles car ce qui n’est pas nommé n’a pas d’existence sociale. Visibilité lesbienne pour faire avancer nos droits dans le champ social et politique contre la lesbophobie et les violences lesbophobes, en France mais aussi dans le monde.
Féministes, car nous sommes solidaires des luttes contre les discriminations et les violences faites aux femmes, quelle que soit leur orientation sexuelle.
Dès 2001, nous prenions position contre ce que nous appelions alors « la technique des mères porteuses ».
Dans les années 2010, des associations pro-GPA et pro-prostitution commençaient à devenir de plus en plus revendicatives dans les mouvements LGBT français. Raison pour laquelle en 2013, nous décidions de rompre notre collaboration militante avec le collectif LGBT de Paris considérant ces divergences importantes à nos yeux de lesbiennes féministes.
« Un enfant pour moi, à n’importe quel prix » n’entre pas dans notre conception du monde, que la demande émane d’homosexuels ou d’hétérosexuels.
Ceux ou celles qui plaident pour une légalisation de la GPA, dans les médias, au travers des colloques dit scientifiques ou par la voix de « philosophes libéraux », affirment que, je cite : « la GPA s’inscrit dans la continuité des principes de la libre disposition de soi et de la liberté procréative ».
Nous voyons bien que nous ne parlons pas de la même liberté ni de la même société ! Ne soyons pas dupes. Prétendre ceci est une manipulation et un détournement abusif du sens des luttes féministes. Revendiquer la libre disposition du corps c’est toujours, et plus que jamais, vouloir lever la contrainte reproductive qui pesait et pèse sur les femmes. Lutter pour la maîtrise de la maternité, c’était et c’est toujours, lutter pour une émancipation, pour une libération collective, mais non pour satisfaire des désirs individuels.
Il n’existe pas de liberté ni d’égalité à travers l’exploitation du corps des autres, prétendre le contraire n’est que mensonge. Que ce soit un système de maternité pour autrui ou un système prostitueur, il s’agit bien d’exploitation et d’instrumentalisation du corps …des autres.
Nous refusons de sombrer dans une société qui se déshumanise et dans laquelle le profit des uns justifierait un système d’exploitation des autres, comme l’est la GPA.
Oui, nous, lesbiennes féministes, nous sommes contre tous les systèmes de marchandisation et d’appropriation du corps des femmes et plus généralement, bien évidemment, de tous les êtres humains.
C’est pourquoi nous sommes investies de ce mouvement mondial « Pour l’abolition internationale de la maternité de substitution », non pas au nom de la sauvegarde de la famille traditionnelle hétérosexuelle, mais sur des valeurs de justice sociale, d’égalité et dans une démarche féministe.
[1] Co-présidente de CQFD Lesbiennes Féministe